ON N'EST PAS LES SEULS A LE DIRE

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IL FAUT BOY-CO-TER
le RIM-Psy, la VAP, la T2A
et tous leurs machins statistiques
qui vont ficher, quantifier pour mieux élaguer,
valoriser (surtout le secteur privé lucratif) et péreniser la misère des hôpitaux publics

Les psychiatres hospitaliers appelés à se mobiliser contre les projets du gouvernement sur la réforme de la psychiatrie

PARIS, 10 mars 2009 (APM) - L'Intersyndicale de défense de la psychiatrie publique (Idepp), le Syndicat des psychiatres des hôpitaux (SPH) et l'Union syndicale de la psychiatrie (USP) ont appelé mardi les psychiatres hospitaliers "à se préparer à un mouvement de mobilisation graduée" contre les projets du gouvernement de réforme de la psychiatrie.

Lors d'une conférence de presse commune, le secrétaire général de l'USP, le Dr Olivier Boitard, le président du SPH, le Dr Pierre Faraggi et le président de l'Idepp (qui fédère le Syndicat des psychiatres d'exercice public (Spep) et le Syndicat des psychiatres de secteur (SPS)), le Dr Alain Mercuel, et le président du SPS, le Dr Norbert Skurnik, ont affirmé leur "union" et leur "détermination" face aux propositions de réforme énoncées dans le rapport d'Edouard Couty.

Depuis sa publication fin janvier, le rapport Couty sur l'organisation de la psychiatrie et la santé mentale a suscité de vives réactions et l'inquiétude de nombreuses organisations (cf dépêches APM COMAU003 et APM CDMBK003), alors même que trois membres de la commission Couty se sont désolidarisés des conclusions du rapport (cf dépêche APM HMMB3001).

"Nous communiquerons ensemble à tous les PH de psychiatrie pour leur demander de se préparer à un mouvement de mobilisation graduée (...) Nous avons la conviction que les PH sont prêts à s'engager dans un mouvement de grève aussi long qu'il sera nécessaire compte tenu des enjeux pour la psychiatrie", a déclaré Pierre Faraggi.

Les organisations syndicales appellent "d'ores et déjà" les praticiens à "se consacrer aux activités soignantes et à différer l'ensemble des autres activités -à l'exception de leur participation aux commissions médicales d'établissement (CME) et aux conseils exécutifs (CE)- selon des modalités à définir dans chaque établissement dans le cadre du collège médical", a précisé Pierre Faraggi.

RETENTION DU RIM-P "JUSQU'A NOUVEL ORDRE"

Parmi ces activités "non" soignantes, Pierre Faraggi a indiqué qu'il invitait les PH à ne plus renvoyer aux tutelles les données du recueil d'information médicalisé en psychiatrie (RIM-P), tout en poursuivant la collecte des informations.

"Nous continuerons à recueillir les éléments d'activité mais nous (...) différons toute transmission d'information sur notre activité, jusqu'à nouvel ordre, selon des modalités précises que nous déterminerons en temps voulu", a-t-il observé.

Interrogés par l'APM, les quatre responsables syndicaux ont précisé qu'ils se rapprocheraient des organisations représentant le personnel non médical des établissements de santé mentale pour envisager une mobilisation commune, en rappelant qu'ils se joignaient à la journée de mobilisation unitaire du jeudi 19 mars (cf dépêche APM CBMC3002).

Ils ont expliqué n'avoir encore aucun document préparatoire au projet de loi sur la réforme de la psychiatrie, qui devait initialement être présenté au printemps (cf dépêche APM EHMAT001) mais ils s'attendent "au pire".

Norbert Skurnik (SPS) a estimé que des "vents mauvais" s'étaient levés contre le secteur et l'organisation de la psychiatrie depuis l'incident de Grenoble fin 2008, avec la sortie du rapport Couty et de la circulaire sur la sécurisation des unités psychiatriques (cf dépêches APM HMMB4001).

Alain Mercuel s'est interrogé sur l'intérêt de réformer la loi du 27 juin 1990 sur les soins et les hospitalisations sans consentement des personnes atteintes de maladie mentale, en se demandant s'il ne fallait pas tout simplement correctement en appliquer les dispositions existantes.

Il s'inquiète du "contexte sécuritaire" susceptible d'entraîner un "risque de récupération et de participation médicales au maintien de l'ordre social", à une "transformation des services de psychiatrie en substitut ou alternative de la prison" par leur engorgement, en rendant les sorties difficiles tout en accroissant les entrées pour des motifs ne dépendant pas des soignants (motifs judiciaires, etc.).

Pour sa part, Olivier Boitard a rappelé les demandes des psychiatres hospitaliers, notamment de disposer, dans le cadre des futures agences régionales de santé (ARS) d'un budget spécifique pour la psychiatrie, décliné au niveau régional dans le public et le privé, et d'avoir l'assurance de l'indépendance des praticiens par rapport aux tutelles compte tenu des mesures de privation de liberté qu'ils peuvent être amenés à prendre dans le cadre des soins.

Pierre Faraggi a rappelé les nombreuses critiques déjà formulées par les organisations sur le rapport Couty, estimant que leurs attentes avaient été "trompées". Il a insisté sur la "grave erreur" d'Edouard Couty qui n'a selon lui "pas mesuré" à quel point la psychiatrie d'aujourd'hui s'incarne dans la psychiatrie de secteur.

Vendredi 2 mars, la ministre de la santé, Roselyne Bachelot, avait assuré qu'elle entendait maintenir le secteur dans le cadre de la réforme de la psychiatrie et que le rapport Couty ne valait "pas feuille de route", rappelle-t-on (cf dépêche APM SNMC2003).

vg/cb/APM polsan
redaction@apmnews.com

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